Une prière pour le Tibet
Le Yéti vit sur le toit du monde et digère mal cette invasion chinoise qui l'éloigne de ses amis tibétains et le repousse toujours plus haut. De son sommet, il crie sa colère de voir son peuple persécuté par l'armée chinoise. Il souffre de voir les Tibétains abandonnés par nos pays riches qui, pour faire des affaires made in china, acceptent sans scrupules de fermer les yeux sur les sévices  que subit son peuple . Seule la présence du Dalaï Lama lui permet de calmer sa colère.

Dans le cadre de l'exposition Mieux vaut l'art que jamais, organisée en 2006 par le Secteur des Centres de Créativité de la Communauté Française , les jeunes des Ateliers Créatifs Caj-mir ont réalisé une installation qui met en scène, autour d'une tente, le Yéti, le Dalaï-Lama et les ombres de l'armée chinoise. Une installation sonore et un théâtre d'ombres font partie de l'installation et se déclenchent quand on tourne le moulin à prières. Sur la toile de sa tente, à partir de l'intérieur, sont projetées, les ombres de l'armée rouge.
La consigne de départ, donnée par le plasticien Johan Muyle (directeur de l'exposition) était de démarrer   d'un objet tente pour en faire une sculpture.
Nous avons employé différents supports (Bandes dessinées de Cosey et Hergé, le film Himalaya, magazine Géo, Guide du routard, chants et écritures du Tibet,...) pour illustrer l'installation et dégager son scénario. Le personnage du yéti par son aspect, sa force, sa démesure a de suite séduit les enfants et motivé leur adhésion à cette aventure sur le toit du monde. Plusieurs ateliers (sculpture, sonore, ombres, calligraphie) parallèles se sont articulés autour de ce projet.

Le Yéti et le Dalaï Lama

Le Yéti étant le géant des neiges, il n'était pas question d'en faire un nain de jardin, Après de longues recherches et de non moins débats passionnés, mais aussi pour des raisons de transport, nous avons fixé sa taille à   6m.
 Le yéti a été réalisé en papier mâché sur armature de treillis. Vu ses proportions et dans l'optique des futurs déplacements, nous avons divisé son corps en plusieurs parties emboîtables. Une fois terminées, nous les avons peintes en blanc. Du rose a été ajouté sur le visage et les orteils. Ensuite, nous sommes passés à l'inoubliable collage de poils sur tout le corps. Une centaine de tresses de chanvre et une dizaine de litres de colle blanche ont été nécessaires pour sa toison.
Pour le Dalaï Lama, nous avons découpé et cousu une silhouette en tissu. Pour lui donner sa forme, nous l'avons ensuite remplie de flocons de mousse. Le visage a été peint d'après photo. Le corps est couvert d'un simple tissu orange avec un bord rouge.

Calligraphie tibétaine
Nous avons travaillé la calligraphie tibétaine sur papier et sur tissu par la reproduction de phrases de prières. Ces tissus devaient être attachés à un fil, au-dessus

Ombres chinoises

Les silhouettes des soldats chinois, dont les ombres sont projetées sur la toile de la tente, ont été réalisées en carton. Nous nous sommes inspirés des militaires chinois de la bande dessinée Jonathan de Cosey.
Afin obtenir une intensité et une luminescence suffisantes, capables de générer des ombres, nous avons employé des tubes diffusant de la lumière blanche dite «de jour». Ces tubes ont comme particularités de s'enclencher directement, d'être beaucoup plus puissants et lumineux que les tubes d'éclairage standards et de ne pas chauffer. Pour obtenir notre ambiance armée rouge, nous avons recouvert les tubes d'une feuille de gélatine rouge. La projection de cette lumière sur les silhouettes était alors suffisante pour avoir des ombres correctes   à condition de les placer près de la toile. Nous avons alors agrandi les silhouettes des soldats et recréé des personnages de différentes hauteurs   pour leur donner une perspective.
Pour donner l'impression de mouvement aux ombres, nous avons ajouté, à l'arrière des tubes, un stroboscope. Par son rythme saccadé et le son de son allumage, le strobo donne une tension supplémentaire à l'installation   lors du déclenchement des ombres.

Installation sonore

Avec un opérateur son (Origan Cannella),   les jeunes ont inventé, enregistré, assemblé les sons qui composent la création sonore (souffle du vent, cri du yéti, pas de l'armée chinoise,...) de l'installation.

L'enregistrement
Les jeunes sont venus par petits groupes dans la pièce qu'ils avaient aménagée pour la prise de son. Des tentures sur des cadres de bois ont été disposées dans la salle pour absorber le son. Ils ont pu ainsi constater la différence de résonance entre une pièce vide et une pièce où sont disposés des matériaux absorbants. Au milieu de la pièce, nous avions disposé un ensemble d'objets (poêles à frire, branches, frigolite, farine, boîtes sonores, graviers,...) que les jeunes ont employés pour créer leurs sons.
La plupart du temps, ils travaillaient par groupe de deux ou de trois. L'un trouvait une idée pour créer un son et l'autre l'enregistrait, puis ils inversaient. Celui qui tenait le micro avait le casque d'écoute. Il déterminait la distance la plus vraisemblable et donnait son avis sur le son.

La transformation
Sur un logiciel de montage son (Pro Tools), ils ont pu ralentir, filtrer, accélérer, mettre de la réverbération sur leurs sons. Certains sons ne donnant pas toujours l'effet voulu, ils ont été réenregistrés avec une position de micro différente ou avec d'autres objets, comme l'avalanche qui a été réenregistrée en plaçant le microphone sur la caisse de carton pour avoir plus de basses.

L'installation sonore
Une fois finalisée, la bande sonore a été gravée sur un cd. Pour l'exposition, l'allumage du lecteur cd a été   rattaché à un détecteur de mouvements caché sous le moulin à prières.   En faisant tourner le moulin à prières, on déclenche le son et les ombres chinoises.

Recherche des sons
Après un travail de documentation avec les animatrices sur le Tibet, les jeunes ont cherché les sons qui dans leur imaginaire pouvaient être perçus sur le toit du monde (chute de neige, vent, cri du Yéti, avalanche, ...). La création sonore s'est par la suite étendue à l'invasion chinoise.

Une prière pour le Tibet a été exposée, en 2006, à la Maison de la Culture de Tournai et au Manège de Namur dans le cadre de l'exposition Mieux vaut l'art que jamais. Dans son émission Ca bouge, la RTBF a diffusé des images.